Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/150

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— Avec ce ministre, poursuivit Henri Léon, nous avions tout, nous étions tout, nous pouvions tout. Nous n’avions même pas besoin de nous cacher. Nous n’étions pas en dehors de la République ; nous étions au-dessus. Nous la dominions de toute la hauteur de notre patriotisme. Nous étions tout le monde, nous étions la France ! Je ne suis pas tendre pour la gueuse. Mais il faut reconnaître que la République est quelquefois bonne fille. Sous Méline, la police était exquise, elle était suave. Je n’exagère pas, elle était suave. À une manifestation royaliste, que vous aviez très gentiment organisée, Brécé, j’ai crié « Vive la police ! » à m’égosiller. C’était de bon cœur. Les sergots assommaient les républicains avec entrain !… Gérault-Richard était fichu au bloc pour avoir crié : « Vive la République ! » Méline nous faisait la vie trop douce. Une nourrice, quoi ! Il nous berçait, il nous a endormis. Mais oui ! Le général Decuir lui-