Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/206

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tes idées sur l’Affaire. J’ai blâmé ta conduite. Je la blâme encore. Je crains qu’elle n’ait les plus fâcheuses conséquences pour ton avenir. Les vrais Français ne te pardonneront jamais. Mais je tiens à déclarer que je réprouve énergiquement les procédés de polémique dont certains journaux usent à ton égard. Je les condamne. Tu n’en doutes pas ?

— Je n’en doute pas.

Et après un moment de silence, Jumage reprit :

— Remarque, Lucien, que tu es diffamé en raison de tes fonctions. Tu peux appeler ton diffamateur devant le jury. Mais je ne te le conseille pas. Il serait acquitté.

— Cela est à prévoir, dit M. Bergeret, à moins que je ne pénètre dans la salle des assises en chapeau à plumes, une épée au côté, des éperons à mes bottes, et traînant derrière moi vingt mille camelots à mes gages. Car alors ma plainte serait entendue