Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/240

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riche près de toi, doux Clopinel, mendigot exquis, flatteur ! Je me suis réjoui, je me suis enorgueilli, je me suis complu dans mon opulence et ma grandeur. Vis, ô Clopinel ! Pulcher hymnus divitiarum pauper immortalis.

» Exécrable pratique de l’aumône ! Pitié barbare de l’élémosyne ! Antique erreur du bourgeois qui donne un sou et qui pense faire le bien, et qui se croit quitte envers tous ses frères, par le plus misérable, le plus gauche, le plus ridicule, le plus sot, le plus pauvre acte de tous ceux qui peuvent être accomplis en vue d’une meilleure répartition des richesses. Cette coutume de faire l’aumône est contraire à la bienfaisance et en horreur à la charité.

— C’est vrai ? demanda Pauline avec bonne volonté.

— L’aumône, poursuivit M. Bergeret, n’est pas plus comparable à la bienfaisance que la grimace d’un singe ne ressemble au sou-