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Page:Anatole France - Pierre Nozière.djvu/324

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L’Arzonnois, la sauvant belle,
Eut l’épaule et les deux yeux
Tout couverts de la cervelle
De ce pauvre malheureux.

De Jésus la sainte aïeule,
Par un bienfait singulier,
Nous connaissons que vous seule
Nous gardiez en ce danger.


Ce n’est pas là proprement une poésie populaire ; ces vers sont l’œuvre de quelque bon recteur qui savait le français dans les règles. Ils se chantent sur un vieil air triste à pleurer.

Il y a en face de l’église un double escalier d’un assez beau style. C’est une imitation de la Scala santa de Rome dont les degrés sont toute l’année recouverts d’un tablier de bois. L’escalier d’Auray, comme l’autre, ne se monte qu’à genoux. On gagne neuf années d’indulgences pour chacune des marches ainsi gravies. Je vis une centaine de femmes occupées à cet exercice salutaire. Mais je dois dire que, pour la plupart, elles trichaient. Je les voyais fort bien poser le pied sur les degrés. La chair est faible. D’ailleurs, l’idée de tromper saint Pierre doit venir très naturellement à l’esprit d’une femme.