Page:Anatole France - Poésies.djvu/162

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te donne !
Accorde à son front pur le voile et la couronne,
Pour que je sorte un jour de ce monde, les mains
Pleines d'œuvres, les pieds usés dans tes chemins,
Ef pour que, devant toi, vers le Seigneur, un ange
Porte ma gerbe d'or dans la céleste grange.
Elle est là, tu la vois, mon offrande, en mes bras.
J'eus soin.de la nourrir pour toi ; tu la prendras !
Si dans quatre-vingts jours je suis debout, vivante,
Forte comme il convient pour être ta servante,
Tu m'auras fait entendre, ô B,oi ! qu'elle te plaît,
La vierge que nourrit ta crainte avec mon lait.
Et, dans un an, au mois des terrestres vendanges,
Je te l'amènerai, doux spectacle à tes anges,
 
Fiancée, ayant mis au doigt l'anneau d'or fin,
Belle, et le front voilé pour les noces sans fin.

DAPHNÉ.

Romps ce voeu sacrilège, ô ma mère, délie
Ton enfant qui t'adjure et pleure et te supplie
Afin de n'être pas prise éternellement
Dans le réseau d'un vœu sans accomplissement.
Hâte-toi ! romps ce vœu, de crainte que j'expie
Par ma perte et la tienne une parole impie.
Souviens-toi, souviens-toi de ce que j'ai promis,
Devantmon père auguste, au plus cher d