Page:Anatole France - Vie de Jeanne d’Arc, 1908, tome 1.djvu/67

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du vieux Richer[1], puis par les savantes recherches de L’Averdy sur les deux procès[2].

  Toutefois l’humanisme et après l’humanisme la réforme, après la réforme le cartésianisme, après le cartésianisme la philosophie expérimentale, avaient détruit dans l’élite des esprits les vieilles crédulités ; le rosier des légendes gothiques, quand vint la révolution, était depuis longtemps défleuri. Il semblait que la gloire de Jeanne d’Arc, liée si étroitement aux traditions de la maison de France, ne pût survivre à la monarchie et que la tempête qui dissipa les cendres royales de Saint-Denys et le trésor de Reims dût emporter aussi les frêles reliques et les images pieuses de la Sainte des Valois. Le nouveau régime en effet refusa d’honorer une mémoire inséparable de la royauté et de la religion ; la fête orléanaise de Jeanne d’Arc, dépouillée en 1791 des pompes de l’Eglise, fut cessée en 93. Alors l’histoire de la Pucelle paraissait un peu

  1. L’abbé Lenglet du Fresnoy, Histoire de Jeanne d’Arc, vierge, héroïne et martyre d’État suscitée par la Providence pour rétablir la monarchie française, tirée des procès et pièces originales du temps. Paris, 1753-54, 3 vol. in-12.
  2. F. de L’Averdy, Memorial lu au comité des manuscrits concernant la recherche à faire des minutes originales des différentes affaires qui ont eu lieu par rapport à Jeanne d’Arc, appelée communément la Pucelle d’Orléans. Paris, Imprimerie Royale, 1787, in-4o. — Notices et extraits des manuscrits de la Bibliothèque du roi, lus au comité établi par sa "Majesté dans l’Académie royale des Inscriptions et Belles Lettres. Paris, Imp. Royale, 1790, t. III.