Page:Ancelot - Les salons de Paris : foyers éteints.djvu/104

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mais c’était sans mauvais vouloir, et, loin que cela lui servît à grandir sa fortune et sa renommée, il n’en recueillait que les plaisanteries de ses amis qui ne se gênaient guère avec lui pour rire de ses exagérations.

Balzac n’était point charlatan ; il a laissé sa réputation se faire elle-même par ses œuvres, c’est une justice à lui rendre ; aussi cette réputation a-t-elle toujours été en s’accroissant et ses lecteurs en se multipliant. Cela devait être, car dans ses récits attrayants il a touché juste à des malheurs, à des torts et à des secrets du cœur humain qui n’avaient pas encore été sondés avec une aussi profonde sagacité. C’est un des grands écrivains de notre époque, bien qu’il ait manqué de cette supériorité de vues qui fait la vraie grandeur d’une intelligence et l’impose aux siècles qui le suivent, c’est-à-dire une idée morale, religieuse, philosophique ou patriotique sur laquelle leur esprit s’appuie avec sécurité, que leur œuvre résume clairement et qui rallie à eux celle qu’elle entraîne… une foi enfin. Ce qui fait la supériorité de Chateaubriand sur les douteurs de tous genres de notre époque, c’est qu’il avait gardé les saintes