Page:Ancelot - Les salons de Paris : foyers éteints.djvu/107

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rivés jusqu’à lui. Il m’avait été présenté, et je lui proposai un jour de venir avec moi à un concert de M. Listz, où j’étais sûre qu’il trouverait une partie de ce qu’il désirait ; en effet, la première figure que nous rencontrâmes en entrant dans la salle fut un homme au sombre visage, dont on parlait beaucoup alors et sur qui je voulus faire l’épreuve de la perspicacité du sénateur américain, en lui laissant deviner le genre de sa célébrité. Il le regarda attentivement et me dit :

— Cet homme me fait penser, malgré moi, à un grand inquisiteur du temps de Philippe II.

— C’est M. l’abbé de la Mennais, lui répondis-je… mais détournez vos regards de cette figure qui peint plutôt, je crois, la souffrance qu’il éprouve lui-même que le désir de voir souffrir les autres, et regardez le gros visage joyeux du plus délicat de nos romanciers, M. de Balzac.

Je n’eus pas plus tôt dit cela, que mon Américain ne me laissa pas un moment de repos que je ne me fusse avancée de manière à être aperçue par l’illustre écrivain, afin qu’il vînt me parler. Nous approchâmes, et en effet Balzac vint promptement à moi ; c’était entre les deux parties du