Page:Ancelot - Les salons de Paris : foyers éteints.djvu/153

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tait coup et ranimait la pensée engourdie des autres ; soit qu’il s’adressât à l’homme sérieux occupé des grands intérêts du pays, soit qu’il fît parler l’homme de lettres ou l’homme de science, soit encore qu’il s’occupât de quelque jeune femme indifférente à toutes les choses graves, ou à la jeune fille qui n’y a pas encore pensé, les paroles qu’il leur adressait savaient faire naître leur intérêt, mettre en relief ce qui devait leur être favorable aux yeux des autres, et surtout ce qui pouvait les rendre satisfaits d’eux-mêmes.

Jugez, d’après cela, combien on l’était de lui ! La gaieté venait donc toujours à sa suite, et, pour moi, je ne m’inquiétais pas des amusements de ma société, quand je pouvais dire : « J’aurai ce soir M. de Lancy ! »

Il serait difficile d’analyser le genre d’esprit qui lui était particulier ; la tournure de sa conversation, comme celle de sa personne, n’appartenait qu’à lui seul ; sa figure elle-même ne ressemblait à aucune autre ; il avait la tête grosse et carrée, et des traits peu réguliers, avec une finesse aimable et intelligente qui plaisait infiniment ; sa toilette était un composé naturel et sans affecta-