Page:Ancelot - Les salons de Paris : foyers éteints.djvu/186

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Chère et triste reine ! J’ai plus d’une fois sondé les profondes mélancolies et observé les efforts impuissants du déclin de votre règne ! Mais n’aviez-vous donc pas vu que, dans notre pays, nul souverain ne gardait sa couronne ? Ne saviez-vous donc pas que même celle de la gloire ne tenait qu’à peine sur le front le plus digne de la porter ? Chateaubriand, roi par le génie, n’a-t-il pas vu chanceler la sienne, et vos mains, habiles et délicates, ne se sont-elles pas fatiguées à écarter ce qui, sans elles, eût terni son éclat ? Mais qui donna jamais sa démission de jolie femme ou de grand homme ?

Ce qui attira plus particulièrement l’attention sur la retraite de l’Abbaye-aux-Bois, ce fut la présence de Chateaubriand ; il était le héros… ce n’est pas dire assez, le dieu du salon de madame Récamier ; et, dans les dernières années de sa vie, elle avait obtenu qu’il n’irait plus nulle part et ne serait vu par personne, ailleurs que chez elle.

Bien des gens venaient donc là pour lui, et j’avoue que je fus du nombre des personnes que le désir de voir de près l’homme à la grande renommée littéraire attira chez madame Récamier ;