Page:Ancelot - Les salons de Paris : foyers éteints.djvu/35

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que je ne connaisse pas ; j’ai dû penser qu’elle était arrivée de province tout nouvellement.

Au milieu de ces gens titrés, de ces grands seigneurs et de ces riches fermiers généraux, madame Lebrun aimait et attirait particulièrement chez elle les artistes, et, à ce titre, David, le grand peintre, y avait été reçu avec empressement ; mais il s’y déplaisait et reprochait à la femme à la mode de recevoir les grands qui venaient la chercher.

— Ah ! lui dit-elle un jour, vous souffrez de n’être pas duc ou marquis ; mais moi, à qui les titres sont indifférents, je reçois avec plaisir tous les gens aimables.

David ne revint point et fut peu bienveillant pour la jeune artiste ; mais il aimait tellement son art, qu’aucune haine ne pouvait l’empêcher de rendre justice au talent. Ayant vu au salon d’exposition le beau portrait de Paësiello, que madame Lebrun avait envoyé de Naples, où elle l’avait fait, et ce tableau étant près d’un portrait de lui dont il n’était pas content, il dit tout haut devant un grand nombre de personnes :

— On croirait mon ouvrage fait par une femme, et le portrait de Paësiello par un homme !