Page:Ancelot - Les salons de Paris : foyers éteints.djvu/40

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quelqu’un de sa famille. Elle était par nature empressée et bienveillante pour tous, et elle fut particulièrement affectueuse pour nous.

En me reportant à cette époque et en me rendant compte de son âge, connu depuis, mais qu’elle pouvait parfaitement cacher, je vois qu’elle devait être alors dans sa soixante et dixième année, car elle est morte en 1842, à quatre-vingt-dix ans, vingt ans après.

Eh bien, elle me paraissait jeune, tant elle était vive, gaie, animée ; et, si parfois, au milieu de son salon qu’elle avait formé de nouveau, elle avait de douloureuses paroles sur ceux de ses amis qui avaient péri dans la tourmente révolutionnaire, c’était une interruption sans aigreur de sa bonne humeur naturelle, qui ne l’avait pas abandonnée.

Ah ! c’est qu’elle avait gardé ce goût des arts et des plaisirs de l’esprit, qui soutient et élève l’âme au-dessus des choses de la terre, et fait, pour ainsi dire, échapper à la vie matérielle, dont on ne sent pas l’atteinte. Madame Lebrun peignait encore, et cette chère passion de sa jeunesse, à qui elle devait sa fortune et sa gloire, charmait toujours sa vie. Elle aimait encore la musique ;