Page:Ancelot - Les salons de Paris : foyers éteints.djvu/60

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que l’Hymen était loin d’être dépeint avec tous ses charmes.

— Je comprends bien, dit le peintre, que vous soyez mécontent ; c’est que vous m’avez forcé d’apporter si promptement mon travail, que vous ne le voyez pas tel qu’il sera. J’emploie mes couleurs de telle façon, que mon ouvrage ne paraît rien dans les premiers jours ; mais je vous le rapporterai dans quelques mois, alors vous me le payerez suivant sa beauté ; je suis certain qu’il vous paraîtra tout autre.

En effet, le peintre emporta son tableau. Le fiancé se maria le lendemain, et plusieurs mois se passèrent sans qu’on entendît parler de l’artiste. Enfin il revint avec son tableau ; et le jeune seigneur florentin s’écria en le revoyant :

— Ah ! vous aviez eu bien raison de dire que le temps embellirait votre peinture ! Quelle différence !… Cependant je ne puis m’empêcher de vous dire que le visage de l’Hymen est trop gai ; vous lui avez donné un air enjoué qui ne le caractérise nullement.

— Monsieur, reprit alors le peintre en riant, ce n’est pas ma peinture qui a changé, mais vos sen-