Page:Ancelot - Les salons de Paris : foyers éteints.djvu/96

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cuperais, et, la porte du Théâtre-Français m’étant ouverte, j’y donnai cette petite pièce qui fut jouée par mademoiselle Mars avec grand succès.

Cela ne me brouilla pas avec l’illustre troupe d’amateurs. Au contraire, on m’invita sans cesse aux répétitions. Un jour je m’y rendis ; il s’agissait d’une pièce de la duchesse d’Abrantès, une pièce en un acte dont la répétition dura cinq heures, tant elle fut mêlée de mille choses inattendues : de récits, d’anecdotes et de joyeuses plaisanteries entièrement étrangères à la comédie. La duchesse d’Abrantès surtout était en joie, et nous nous amusâmes follement. On finit par danser sur le petit théâtre. Mais tout à coup la duchesse s’écria que depuis cinq heures qu’on parlait on n’avait ni bu ni mangé. Alors le maître de la maison, qui était comme les autres tellement absorbé par les plaisirs de la matinée, qu’il avait oublié le nécessaire de la vie pour son superflu, fit courir au plus vite chez les pâtissiers voisins, et, s’il faut tout dire, les comédiens amateurs firent autant d’honneur aux gâteaux du comte de Castellane que la troupe de Ragotin au souper de M. de la Bonardière.