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demande tout cela le premier soir d’arrivée dans la demeure déserte ; mais dès le lendemain la vie reprend, la lumière généreuse et tonique chasse les fantômes noirs, vivifie toutes choses… La douceur des souvenirs l’emporte sur leur amertume, et, si l’on souffre un peu de la tradition, on aime cette souffrance d’essence noble et raffinée.

A l’heure où j’écris ces lignes, assis sur un banc dans le jardin de La Malle à la fin d’une radieuse journée de février, je sens profondément en moi cette puissance traditionaliste qui me fut transmise et que je transmettrai à mon tour. Le soleil se couche derrière la colline, et ses rayons obliques dorent les cimes des grands ormeaux ; dans les massifs, dans les bambous que balance une imperceptible brise, tout un peuple d’oiseaux a pris gîte pour la nuit et gazouille éperdument ; là-bas, à travers les arbres, j’aperçois la paisible maison aux volets verts ; une grande sérénité m’entoure… Ma pensée va à Joseph Autran dont les restes