Page:Andersen - Contes d'Andersen, traduit par Soldi, Librairie Hachette et Cie, 1876.djvu/160

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La princesse fit une inclination profonde et promit d’apporter les yeux. Puis le sorcier ouvrit la montagne, et elle s’envola, toujours suivie du compagnon de voyage qui la frappait toujours, et si fort, si fort, qu’elle se plaignait amèrement de la grêle. Lorsqu’elle fut entrée par la fenêtre dans sa chambre à coucher, le compagnon de voyage s’envola vers l’auberge où Jean dormait encore ; détacha ses ailes, et se mit lui-même au lit : il y avait assurément de quoi être fatigué.

Jean se réveilla de bonne heure le lendemain matin ; le compagnon aussi se leva et raconta qu’il avait fait la nuit un rêve très-bizarre d’une princesse et de son soulier. Aussi conseilla-t-il à Jean de demander à la princesse si elle n’avait pas pensé à son soulier.

« J’aime autant demander cela qu’autre chose, dit Jean ; peut-être as-tu rêvé juste, car je suis toujours convaincu que le bon Dieu m’aidera. Cependant je vais te faire mes adieux ; car, si je me trompe, je ne te reverrai plus. »

Là-dessus, ils s’embrassèrent ; Jean retourna dans la ville et se rendit au château. La grande salle était remplie de monde ; les juges siégeaient sur leurs fauteuils, avec des édredons sous la tête, car ils avaient beaucoup à méditer. Le vieux roi se leva et s’essuya les yeux avec un mouchoir blanc. Enfin la princesse entra plus belle que la