Page:Andersen - Contes d'Andersen, traduit par Soldi, Librairie Hachette et Cie, 1876.djvu/178

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content chez lui ; et il ne manquait pas de faire un signe amical à son vieil ami, chaque fois qu’il l’apercevait à la fenêtre.

Au bout de quelque temps, il fit une seconde visite dans la vieille maison.

« Je n’en peux plus ! dit le soldat de plomb ; j’ai pleuré du plomb ; c’est trop triste ici ! J’aimerais mieux aller à la guerre, au risque de perdre bras et jambes. Du moins, ce serait un changement. Je n’en peux plus ! Je sais maintenant ce que c’est que la visite des vieilles pensées ; les miennes sont venues me voir, mais sans me faire le moindre plaisir. Je vous voyais dans la maison d’en face comme si vous aviez été ici. J’assistais à la prière du matin, à vos leçons de musique, et je me croyais au milieu de tous les autres joujoux. Hélas ! ce n’étaient là que mes vieilles pensées. Dis-moi un peu comment se porte ta sœur, la petite Marie. Donne-moi aussi des nouvelles de mon camarade, l’autre soldat de plomb ; il a plus de chance que moi. Je n’en peux plus, je n’en peux plus !

— Tu ne m’appartiens plus, répondit le petit garçon, et je ne reprendrai pas ce que j’ai donné. Fais-toi donc à ton sort. »

Le vieillard apporta à l’enfant des images et un jeu d’anciennes cartes énormes et dorées, pour l’amuser. Ensuite il ouvrit son clavecin, joua un menuet et fredonna une ancienne chanson.