Page:Andersen - Contes d'Andersen, traduit par Soldi, Librairie Hachette et Cie, 1876.djvu/189

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Un soir qu’il était assis dans sa chambre, quelqu’un frappa à la porte.

« Entrez ! dit-il.

Mais personne n’entra. Il alla ouvrir et vit un homme très-grand et très-maigre, du reste parfaitement habillé et de l’air le plus comme il faut.

« À qui ai-je l’honneur de parler ? demanda le savant.

— Je me doutais bien que vous ne me reconnaîtriez pas, répondit l’homme délicat ; voyez-vous ? c’est que je suis devenu corps ; j’ai de la chair, et je porte des habits. Ne reconnaissez-vous pas votre ancienne ombre ? Vous avez cru que je ne reviendrais plus. J’ai eu bien de la chance depuis que je vous ai quitté ; je suis riche et j’ai par conséquent les moyens de me racheter. »

Puis il fit sonner un tas de breloques attachées à la lourde chaîne d’or de sa montre, et ses doigts couverts de diamants lancèrent mille éclairs.

« Je n’en reviens pas ! dit le savant ; qu’est-ce que cela signifie ?

— Certes, cela est extraordinaire, en effet, mais vous-même, n’êtes-vous pas un homme extraordinaire ? Et moi, vous le savez bien, j’ai suivi, vos traces dès votre enfance. Me trouvant mûr pour faire seul mon chemin dans le monde, vous m’y avez lancé, et j’ai parfaitement réussi. J’ai eu le désir de vous voir avant votre mort, et, en même