Page:Andersen - Contes d'Andersen, traduit par Soldi, Librairie Hachette et Cie, 1876.djvu/20

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jours d’hiver où je gagnais six francs par mois, où je n’avais pas de feu pour me réchauffer et point de vêtements pour me couvrir.

« Enfin ce temps d’épreuves passa. Je subis mes examens d’une manière satisfaisante. J’entrai à l’université de Copenhague, et je fus noté comme un bon élève. J’avais publié quelques poésies dont on parla dans le monde. Plusieurs hommes distingués me prirent sous leur patronage ; plusieurs maisons me furent ouvertes. Je continuai mes études avec calme, avec joie. Je ne savais encore où elles me mèneraient, mais je sentais le besoin de m’instruire. Quand elles furent terminées, Œhlenschlœger, Œrstedt, Ingemann, me recommandèrent au roi. J’obtins par leur entremise ce que nous appelons un stipende de voyage (reise stipendium). Je visitai, en 1833 et 1834, l’Allemagne, la Suisse, la France, l’Italie, étudiant la langue, les mœurs, la poésie des lieux où je passais. Maintenant me voilà bourgeois de Copenhague. Je n’ai ni place ni pension, j’écris dans une langue peu répandue et pour un public peu nombreux ; mais tôt ou tard les romans que j’écris s’écoulent, et Reitzel, le libraire, me paye exactement. Souvent, quand je regarde les jolis rideaux qui décorent ma chambre de Nyhavn et les livres qui m’entourent, je me crois plus riche qu’un prince. Je bénis la Providence des voies par lesquelles elle m’a conduit et du sort qu’elle m’a fait. »

Dans l’espace de quelques années, Andersen a publié plusieurs ouvrages qui lui ont assuré une place honorable parmi les écrivains du Danemark. Il est jeune encore ;