Page:Andersen - Contes d'Andersen, traduit par Soldi, Librairie Hachette et Cie, 1876.djvu/223

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Et alors toutes les fleurs dans leurs pots devinrent de grands arbres qui étendaient leurs longues branches jusque sur le tapis et le long des murs, si bien que toute la chambre avait l’air d’un magnifique bosquet ; et toutes les branches étaient couvertes de fleurs, et chaque fleur était plus belle qu’une rose. Elles exhalaient un parfum délicieux, et, si on avait voulu les manger, on leur aurait trouvé un goût plus exquis que celui des confitures. Les fruits brillaient comme de l’or, et il y avait aussi sur les branches des gâteaux tout remplis de raisins. C’était d’une beauté incomparable ; mais en même temps des plaintes affreuses sortirent du tiroir qui renfermait les livres de Hialmar.

« Qu’est-ce donc ? » dit Ferme-l’Œil ; et il courut à la table et ouvrit le tiroir. Quelque chose s’agitait et se remuait d’une manière terrible sur l’ardoise. C’était un chiffre faux qui se trouvait dans l’opération, en sorte qu’elle avait l’air de vouloir se disloquer.

Le crayon sauta avec la ficelle qui le retenait, comme s’il eût été un petit chien et qu’il eût voulu rajuster l’opération ; mais il ne le pouvait pas.

En même temps des cris lamentables se firent entendre dans le cahier d’écriture de Hialmar. Oh ! comme c’était affreux ! De haut en bas, sur