Page:Andersen - Contes d'Andersen, traduit par Soldi, Librairie Hachette et Cie, 1876.djvu/227

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Chacune étendait la main et présentait au voyageur un petit gâteau fait en cœur, et d’un sucre si raffiné que jamais marchande n’en avait vendu de pareil. Hialmar saisit le côté d’un cœur en passant ; mais la princesse serrait les doigts si bien qu’ils eurent chacun pour leur part un morceau, elle le plus petit, lui le plus gros.

À la porte de chaque château les princes montaient la garde ; ils le saluèrent de leur sabre d’or et lui jetèrent des raisins et des soldats de plomb.

On voyait bien par là qu’ils étaient de véritables princes.

Ainsi naviguait Hialmar, tantôt à travers des forêts, tantôt à travers de grands salons, tantôt au milieu d’une ville. Il se trouva qu’il passa par celle où demeurait la bonne qui l’avait toujours tant aimée ; elle le salua et lui fit des signes de tête et chanta ces jolis vers qu’elle avait faits elle-même et qu’elle avait envoyés à Hialmar.

    Le long du jour je pense à toi souvent,
    La nuit aussi, mon cher petit enfant.
  Que de baisers, Hialmar, j’ai donnés à ta bouche.
  À tes yeux, à tes bras, endormi sur ta couche !
  Tu bégayas pour moi ta première parole !
  Un jour, il a fallu pourtant te dire adieu…
  Va donc ! Que le seigneur te bénisse en tout lieu,
  Petit ange lutin, dont je suis toujours folle.