Page:Andersen - Contes d'Andersen, traduit par Soldi, Librairie Hachette et Cie, 1876.djvu/245

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pleurer amèrement ; car l’eau l’entourait de tous côtés, et elle ne pouvait plus retourner à terre.

Le vieux crapaud, après avoir orné la chambre au fond du marais avec des roseaux et de petites fleurs jaunes, nagea en compagnie de son fils vers la petite feuille où se trouvait Poucette, pour prendre le gentil petit lit et le transporter dans la chambre. Il s’inclina profondément dans l’eau devant elle en disant : « Je te présente mon fils, ton futur époux. Je vous prépare une demeure magnifique au fond du marais.

— Coac ! coac ! brekke-ke-kex ! » ajouta le fils.

Ensuite ils prirent le lit et s’éloignèrent, pendant que la petite Poucette, seule sur la feuille verte, pleurait de chagrin en pensant au vilain crapaud, et au mariage dont elle était menacée avec son hideux fils.

Les petits poissons avaient entendu ce que disait le crapaud, et cela leur donna envie de voir la petite fille. Au premier coup d’œil, ils la trouvèrent si gentille, qu’ils l’estimèrent bien malheureuse d’épouser le vilain crapaud. Ce mariage ne devait jamais avoir lieu ! Ils se rassemblèrent autour de la tige qui retenait la feuille, la coupèrent avec leurs dents, et la feuille emporta alors la petite si loin sur la rivière, que les crapauds ne purent plus l’atteindre.