Page:Andersen - Contes d'Andersen, traduit par Soldi, Librairie Hachette et Cie, 1876.djvu/248

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est maigre, svelte, elle ressemble à un homme. Oh ! quelle est laide ! »

Cependant la petite Poucette était charmante ; mais, quoique le hanneton qui l’avait enlevée la trouvât belle, en entendant les autres, il finit par la croire laide et ne voulut plus d’elle. On la fit donc descendre de l’arbre, et on la posa sur une pâquerette en lui rendant sa liberté.

La petite se mit à pleurer de ce que les hannetons l’avaient renvoyée à cause de sa laideur ; cependant elle était on ne peut plus ravissante.

La petite Poucette passa ainsi l’été toute seule dans la grande forêt. Elle tressa un lit de paille qu’elle suspendit au-dessous d’une feuille de bardane pour se garantir de la pluie. Elle se nourrissait du suc des fleurs et buvait la rosée qui tombait le matin sur les feuilles.

Ainsi se passèrent l’été et l’automne ; mais voici l’hiver, le long hiver si rude qui arrive. Tous les oiseaux qui l’avaient amusée par leur chant s’éloignèrent, les arbres furent dépouillés, les fleurs se flétrirent, et la grande feuille de bardane sous laquelle elle demeurait se roula sur elle-même, ne formant plus qu’une tige sèche et jaune.

La pauvre petite fille souffrit d’autant plus du froid, que ses habits commençaient à tomber en lambeaux. Bientôt arrivèrent les neiges, et chaque flocon qui tombait sur elle lui produisait le