Page:Andersen - Contes d'Andersen, traduit par Soldi, Librairie Hachette et Cie, 1876.djvu/25

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soldats se ressemblaient parfaitement, à l’exception d’un seul, qui n’avait qu’une jambe : on l’avait jeté dans le moule le dernier, et il ne restait pas assez de plomb. Cependant il se tenait aussi ferme sur cette jambe que les autres sur deux, et c’est lui précisément qu’il nous importe de connaître.

Sur la table où étaient rangés nos soldats, il se trouvait beaucoup d’autres joujoux ; mais ce qu’il y avait de plus curieux, c’était un charmant château de papier. À travers les petites fenêtres, on pouvait voir jusque dans les salons. Au dehors se dressaient de petits arbres autour d’un petit miroir imitant un petit lac ; des cygnes en cire y nageaient et s’y réflétaient. Tout cela était bien gentil ; mais ce qu’il y avait de bien plus gentil encore, c’était une petite demoiselle debout à la porte ouverte du château. Elle aussi était de papier ; mais elle portait un jupon de linon transparent et très-léger, et au-dessus de l’épaule, en guise d’écharpe, un petit ruban bleu, étroit, au milieu duquel étincelait une paillette aussi grande que sa figure. La petite demoiselle tenait ses deux bras étendus, car c’était une danseuse, et elle levait une jambe si haut dans l’air, que le petit soldat de plomb ne put la découvrir, et s’imagina que la demoiselle n’avait comme lui qu’une jambe.

« Voilà une femme qui me conviendrait, pensa--