Page:Andersen - Contes d'Andersen, traduit par Soldi, Librairie Hachette et Cie, 1876.djvu/286

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de velours. Tout le monde ignorait les souffrances qu’elle avait endurées en dansant.

Le lendemain, le prince lui donna un costume d’amazone pour qu’elle le suivît à cheval. Ils traversèrent ainsi les forêts parfumées et gravirent les hautes montagnes ; la princesse, tout en riant, sentait saigner ses pieds.

La nuit, lorsque les autres dormaient, elle descendit secrètement l’escalier de marbre et se rendit à la côte pour rafraîchir ses pieds brûlants dans l’eau froide de la mer, et le souvenir de sa patrie revint à son esprit.

Une nuit, elle aperçut ses sœurs se tenant par la main ; elles chantaient si tristement en nageant, que la petite sirène ne put s’empêcher de leur faire signe. L’ayant reconnue, elles lui racontèrent combien elle leur avait causé de chagrin. Toutes les nuits elles revinrent, et une fois elles amenèrent aussi la vieille grand’mère, qui depuis nombre d’années n’avait pas mis la tête hors de l’eau, et le roi de la mer avec sa couronne de corail. Tous les deux étendirent leurs mains vers leur fille ; mais ils n’osèrent pas, comme ses sœurs, s’approcher de la côte.

Tous les jours le prince l’aimait de plus en plus, mais il l’aimait comme on aime une enfant bonne et gentille, sans avoir l’idée d’en faire sa femme. Cependant, pour qu’elle eût une âme immortelle