Page:Andersen - Contes d'Andersen, traduit par Soldi, Librairie Hachette et Cie, 1876.djvu/288

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vire sous prétexte de rendre seulement visite au roi, mais la vérité est qu’il va épouser sa fille. »

Cela fit sourire la sirène, qui savait mieux que personne les pensées du prince, car il lui avait dit : « Puisque mes parents l’exigent, j’irai voir la belle princesse, mais jamais ils ne me forceront à la ramener pour en faire ma femme. Je ne puis l’aimer ; elle ne ressemble pas, comme toi, à la jeune fille du couvent, et je préférerais t’épouser, toi, pauvre enfant trouvée, aux yeux si expressifs, malgré ton éternel silence. »

Le prince partit.

En parlant ainsi, il avait déposé un baiser sur sa longue chevelure.

« J’espère que tu ne crains pas la mer, mon enfant, » lui dit-il sur le navire qui les emportait.

Puis il lui parla des tempêtes et de la mer en fureur, des étranges poissons et de tout ce que les plongeurs trouvent au fond des eaux. Ces discours la faisaient sourire, car elle connaissait le fond de la mer mieux que personne assurément.

Au clair de la lune, lorsque les autres dormaient, assise sur le bord du vaisseau, elle plongeait ses regards dans la transparence de l’eau, et croyait apercevoir le château de son père, et sa vieille grand’mère les yeux fixés sur la carène. Une nuit, ses sœurs lui apparurent ; elles la regardaient tris-