Page:Andersen - Contes d'Andersen, traduit par Soldi, Librairie Hachette et Cie, 1876.djvu/293

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parentes et célestes. Leurs voix formaient une mélodie ravissante, mais si subtile, que nulle oreille humaine ne pouvait l’entendre, comme nul œil humain ne pouvait voir ces créatures. L’enfant de la mer s’aperçut qu’elle avait un corps semblable aux leurs, et qui se dégageait peu à peu de l’écume.

« Où suis-je ? demanda-t-elle avec une voix dont aucune musique ne peut donner l’idée.

— Chez les filles de l’air, répondirent les autres. La sirène n’a point d’âme immortelle, et elle ne peut en acquérir une que par l’amour d’un homme ; sa vie éternelle dépend d’un pouvoir étranger. Comme la sirène, les filles de l’air n’ont pas une âme immortelle, mais elles peuvent en gagner une par leurs bonnes actions. Nous volons dans les pays chauds, où l’air pestilentiel tue les hommes, pour y ramener la fraîcheur ; nous répandons dans l’atmosphère le parfum des fleurs ; partout où nous passons, nous apportons des secours et nous ramenons la santé. Lorsque nous avons fait le bien pendant trois cents ans, nous recevons une âme immortelle, afin de participer à l’éternelle félicité des hommes. Pauvre petite sirène, tu as fait de tout ton cœur les mêmes efforts que nous ; comme nous tu as souffert, et, sortie victorieuse de tes épreuves, tu t’es élevée jusqu’au monde des esprits de l’air, où il ne dé-