Page:Andersen - Contes d'Andersen, traduit par Soldi, Librairie Hachette et Cie, 1876.djvu/320

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Elle pensait à ses frères et au bon Dieu, qui certes ne l’abandonnerait pas, lui qui fait croître les pommiers sauvages pour satisfaire la faim de l’homme fugitif. Il lui fit découvrir un de ces arbres, dont les branches pliaient sous le poids de leurs fruits ; et elle s’y arrêta pour prendre son dîner. Puis elle pénétra dans la partie la plus sombre de la forêt. Là, le silence était si profond, qu’elle entendait le bruit de son pas léger, le froissement de chaque feuille sèche qui se rencontrait sous ses pieds. On ne voyait pas un seul oiseau, et pas un rayon de soleil ne pouvait pénétrer à travers les branches longues et épaisses. Les troncs des arbres se rapprochaient tellement, qu’en regardant devant elle, elle aurait pu se croire entourée d’une quantité de grilles formées par des poutres. C’était une solitude dont elle n’avait jamais eu l’idée.

La nuit devint d’une profonde obscurité ; aucun petit ver luisant ne brillait plus sur la mousse ; la tristesse dans l’âme, Élisa se coucha et ne tarda pas à s’endormir. Pendant son sommeil, il lui sembla que les branches s’écartaient au-dessus d’elle, et que le bon Dieu, entouré de petits anges gracieux, jetait sur elle un regard doux et pénétrant.

En s’éveillant, elle ne savait pas si tout cela était un rêve ou une réalité. Elle continua son chemin et rencontra une vieille femme portant un