Page:Andersen - Contes d'Andersen, traduit par Soldi, Librairie Hachette et Cie, 1876.djvu/61

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les barreaux de sa fenêtre, le peuple qui sortait en foule de la ville, afin de le voir pendre. Tout le monde courait ; un garçon cordonnier, avec son tablier et des pantoufles, courait même si fort, qu’une de ses pantoufles s’échappa de son pied et vint frapper justement le mur derrière lequel était assis le soldat regardant à travers les barreaux.

« Eh ! cordonnier, ne te presse pas tant, lui cria le soldat, sans moi rien ne se fera. Mais si tu veux courir jusqu’à l’auberge où j’ai demeuré, et chercher mon briquet, je te donnerai quatre sous. Seulement ne laisse pas traîner tes jambes ! »

Le garçon cordonnier, qui voulait bien gagner quatre sous, vola comme un trait chercher le briquet, le remit au soldat, et — maintenant vous allez entendre !

En dehors de la ville on avait dressé une grande potence, entourée de soldats et de plus de cent mille personnes. Le roi et la reine étaient assis sur un trône magnifique : en face, le juge et tout le conseil.

Déjà le soldat était au haut de l’échelle, on allait lui passer la corde autour du cou ; il demanda la permission de formuler un dernier souhait. C’était l’habitude, observa-t-il, d’accorder cette grâce au pécheur qui va mourir. Il avait grande envie de fumer une pipe, ce serait la dernière.