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SAINT NÉPOMUCÈNE ET LE SAVETIER


Dans une petite ville de la Silésie, qui a pour patron saint Népomucène, mais dont le nom même m’échappe, vivait un savetier que nous appellerons Martin. Au fond, ce n’était pas un méchant homme ; seulement, il était dominé par le vice de la paresse, à un tel point qu’il ne travaillait que lorsqu’il s’agissait pour lui de ne pas mourir de faim. Aussi, sa pauvre femme souffrait-elle parfois cruellement de la misère ; car elle n’avait d’autres ressources que le travail de son mari, et quelque peu d’argent qu’elle gagnait à blanchir du linge.

Martin passait son temps à se plaindre de son mauvais sort. Il prétendait qu’il avait manqué sa vocation, qu’il était né pour quelque chose de mieux que pour manier l’alêne ; et naturellement ; de pareilles imaginations, au lieu de lui donner du cœur pour sa besogne, le rendaient de plus en plus fainéant.

Il était d’autant plus à plaindre qu’il aimait la bonne