Page:Andersen - Nouveaux Contes, trad. Soldi.djvu/28

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Je crois, se dit-il, que j’ai des dispositions à la folie.

Et il se rappela en même temps l’aventure de la veille, quand sa tête s’était trouvée prise entre les barreaux de la grille.

— C’est là que j’aurai attrapé mon mal, continua-t-il ; il faudra que je me soigne. Peut-être un bain russe me serait-il favorable ; je voudrais bien en prendre un.

Aussitôt il se trouva tout habillé, avec ses bottes et ses galoches, dans une étuve où des gouttes d’eau brillante lui tombaient du plafond sur la tête.

— Ouf ! s’écria-t-il, en s’échappant au plus vite par la salle ; de l’eau froide !

Les garçons, à sa vue, tressaillirent comme tout prêts à s’enfuir.

— N’ayez pas peur, leur dit-il, c’est un pari.

Et il s’esquiva pour rentrer chez lui.

Dès qu’il fut arrivé dans sa chambre, il s’appliqua deux larges vésicatoires, l’un sur la nuque et l’autre sur les reins pour combattre les symptômes de la folie.

Le lendemain tout son dos était à vif : ce fut ce que les galoches du Bonheur lui valurent de plus positif.


V

La métamorphose d’un employé.

Un jour, le gardien de nuit, que sans doute on n’a pas encore oublié, se rappela les galoches qu’il avait laissées à l’hôpital. Il retourna les chercher, et, comme