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persuadé qu’alors, elle te remerciera de l’avoir mystifiée.

— Sûrement, reprit Gisèle. Et si vous avez besoin de moi à ce moment-là pour la convaincre, je ne demande pas mieux que de m’y employer.

Malgré les paroles de consolation de ses amis, Gaston gardait en lui un profond dépit. Cela, néanmoins ne le fit pas renoncer à son projet et il se préparait à jouer de nouveau le surlendemain le rôle du chimpanzé amoureux.

Lorsqu’il fut parti, Gisèle commença à faire des reproches à son amant :

— Pourquoi ne m’as-tu rien dit ? lui déclara-t-elle. Tu croyais donc que je préviendrais Amélie. Au contraire, ça me faisait quelque chose de voir cette petite s’embarquer dans une telle aventure et je préfère savoir que c’est une blague que vous lui avez faite.

« Je la connais. Quand elle sera dégoûtée du chimpanzé, elle viendra me dire que c’est de ma faute,

Elle prit un temps, puis ajouta :

— Dis-donc, mon chéri… tu ne sais pas ?… Tu devrais t’habiller en singe, toi aussi, j’ai envie de voir l’effet que ça me ferait !

— Tu es folle !… Voyons.

— Tu pourrais bien faire ça pour moi… Tu n’es donc pas aussi amoureux que ton ami Gaston.

— Il n’y a pas de comparaison à faire. D’abord, ça n’aurait aucune saveur, puisque tu le saurais.

— Ça, c’est un peu vrai.

— Et puis, je n’ai pas besoin de me déguiser… Si ça te dit, tu n’as que te figurer que je suis un singe, moi aussi.

— Non, c’était pour rire. Mon chéri, moi je n’ai pas d’idées extravagantes en amour. Je t’aime comme tu es, tu préfères que ce soit comme ça, n’est-ce pas !

— Oh ! oui !… Je le préfère… Tiens… viens nous aimer… Tu verras que c’est aussi bon que si je faisais le chimpanzé !

— C’est bien meilleur, mon loup adoré !

— Tu vois, je suis déjà un loup… ça doit te suffire.

— Tu es bête, mon coco…

Et Gisèle se jeta dans les bras de son amant, sans faire de manière. Elle n’exigea que des baisers et autre chose qu’il lui accorda sur-le-champ, sans se faire aucunement prier.