Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t2, 1906.djvu/129

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Sut emporter mon cœur vers la désespérance ;
C’était le fruit affreux de ta propre éloquence.


Le Guerrier.

Je ne te comprends pas, vieillard ; explique-moi,
En mots moins concentrés, quel rapport ton œil voit
Entre la vision construite par ta fièvre,
Et le discours subit qu’a poussé sur ma lèvre
Le désir de répondre au reproche voilé
Par quoi tu m’abordas lorsque tu m’as parlé.


Le Vieillard.

Ne t’émeus pas, guerrier ; je sais que je suis cause
De ce même discours, et que ta bouche close
Pour un salut passant n’aurait fait que s’ouvrir,
Si je n’avais moi-même obligé de jaillir,
En lançant tout à coup leur lumière et leur flamme,
Les méditations que renfermait ton âme.