Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t2, 1906.djvu/17

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


à Victor Henry.

Une route dans la campagne, à quelque distance d’une des portes de la Ville. Cette porte est flanquée de remparts crénelés ; un reflet du soleil couchant commence à y paraître.

La route est bordée de grands ormes jaunis et en partie dépouillés par l’automne ; elle est jonchée de traînées de feuilles mortes que le vent soulève et déplace. Entre les troncs des arbres, s’aperçoit une vaste plaine fanée, dégarnie de ses moissons, et parsemée de taches rousses et fauves de végétations qui pressentent l’hiver. Des brumes basses se forment çà et là dans les creux du terrain. Tout au loin, brille une étendue d’eau, fleuve ou estuaire, où se voient les mâtures de quelques vaisseaux. Le haut du ciel est traversé par une fuite rapide de nuages déchirés et sanglants ; le fond est occupé par une immense masse immobile et menaçante de nuées presque noires vers laquelle le soleil descend et où il va périr.

Deux hommes dont l’âge mûr approche de la vieillesse, sont arrêtés ensemble, auprès de la première borne militaire. L’un d’eux est vêtu d’un manteau de voyage d’une étoffe