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lecteur, GavinHamilton, lui donna le conseil, afin de se procurer l'argent nécessaire pour le voyage, de publier ses poésies par souscription. C'était un mode de publication fréquent au xviii* siècle. Il lui dit que son nom lui assurait assez de souscripteurs pour garantir le placement d'un nombre de volumes suffisant à laisser un petit profit. Ce serait pour payer son passage à bord d'un navire et se mettre en train là-bas, de l'autre côté des mers ^. On a vu que Burns avait assez pris conscience de sa valeur pour qu'une proposition de ce genre ne l'étonnât pas. Il accepta et se mit sur le champ à distribuer à ses amis des circulaires de souscription. Il le fit avec beaucoup d'activité et, pendant tout ce lamentable mois d'avril, on le voit occupé à envoyer de droite et de gauche une petite feuille imprimée qui portait :

Proposition pour publier par souscription les Poèmes Ecossais, par Robert Burns.

Le livre sera élégamment imprimé en un volume in-octavo. Prix, broché, trois sheliings. Comme l'auteur n'a pas la moindre vue mercenaire en publiant, aussitôt qu'il y aura assez de souscripteurs pour défrayer lesdépenses nécessaires, l'ouvrage sera envoyé à la presse ^.

Cette proposition sembla, tout de suite, être accueillie avec faveur. On trouve, dans la correspondance de ce mois d'avril, des remerciements à des personnes qui réclament des listes 3. Gavin Hamilton s'était chargé d'en placer un bon nombre. Tous ses autres amis, pris de pitié pour ce pauvre garçon, s'en occupaient aussi ; il devint aussitôt évident que le nombre de souscripteurs serait plus que suffisant et qu'il allait falloir s'occuper de l'impression.

C'est ainsi que ces mois de mars et d'avril 1786 se passèrent pour Robert Burns et c'était avec raison qu'il disait plus tard : « Ce fut une terrible affaire , dont je ne puis encore supporter le souvenir , elle me donna une ou deux des principales qualités pour prendre place parmi ceux qui ont perdu la carte et brouillé tous les calculs de la raison^ ».

Ici s'intercale un des plus étranges et des plus mystérieux épisodes de la vie de Burns, celui de Highland Mary, de Mary des Hautes-Terres. Il resta longtemps ignoré. Burns, de son vivant, n'en parla jamais qu'avec réserve et l'entoura d'une sorte de silence. Quand

^ Gilberl's Narrative.

2 Scott Douglas, tom I, p. 113.

3 Letlors : lo Robert Aiken. 3th April 1786 ; lo Joki RaUanthw 14tii April ; lo Mr Mac Winnie. nth April 1*786 ; to jMr John Kennedy 30'h April.

  • Aulobiographical Letter to D^ Moore,