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biens avaient été confisqués après la révolte de 1715. La destinée avait été rude pour lui. Vers l'âge de 19 ans, il avait été , en même temps qu'un frère aîné, forcé de s'éloigner pour aller gagner sa vie. « J'ai souvent, dit Gilbert Burns , entendu mon père décrire l'angoisse qu'il ressentit, quand ils se séparèrent au sommet d'une colline, sur les confins de leur lieu de naissance , chacun prenant sa route à la recherche de nouvelles aventures et sachant à peine où il allaita » William Burnes avait d'abord séjourné à Edimbourg oii il avait travaillé de son métier de jardinier. Puis il avait traversé l'Ecosse et était venu vers l'ouest, s'établir dans l'Ayrshire. Après avoir servi les autres comme jardinier, il avait loué sept acres de terre, près du pont du Doon, pour s'y établir comme pépiniériste. Sur ce terrain, près de la vieille église du village d'Alloway , il avait de ses propres mains bâti le cottage aux murs d'argile, qui est maintenant un des joyaux de l'Ecosse. Au mois de décembre 1757, il y avait amené sa femme de beaucoup plus jeune que lui, Agnes Brown, fille d'un fermier du Carrick. A coup sûr, ce n'était pas un homme ordinaire. Froid, sévère, silencieux et sombre , singulièrement honnête , il vivait retiré en lui- même. II semble avoir inspiré autour de lui un sentiment un peu timide de vénération et d'affection , comme il arrive aux hommes austères et bons. Sa femme avait pour lui un amour plein de déférence ; lorsqu'il grondait ses enfants, ce qu'il faisait rarement, ils l'écoutaient avec une sorte de terreur respectueuse. Il avait eu l'art de gagner l'estime elle bon vouloir de ceux qu'il employait, et celui de conserver toute sa dignité devant les gens d'une position plus élevée que la sienne. Sous ces dehors glaciaux et rigides, il cachait une faculté d'observation pénétrante et une disposition à l'emportement dont Robert hérita sans sa puissance a la maîtriser. « Pendant de nombreuses années de vie errante ou de séjours, dit celui-ci en parlant de son père, il avait ramassé une assez grande somme d'observation et d'expérience, à laquelle je dois la plus grande partie de mes faibles prétentions à la sagesse. J'ai rencontré peu de personnes qui comprissent les hommes, leurs mœurs et leurs façons aussi bien que lui. Mais une intégrité obstinée et une irascibilité fougueuse et ingouvernable sont de mauvaises conditions pour réussir. Je naquis donc le fils d'un homme très pauvre '. » Murdoch , le maître d'école de ses fils, dans le portrait qu'il en traça plus tard, dit qu'il ne le

1 Narrative by Gilbert Burns of his Brother's Life. Scott Douglas. Vol. IV. Appendix G.

2 Lettre autobiographique de Robert Burns au Dr Moore, datée de Mauchline 2 yIom/ i7S7. Cette lettre est un document capital pour la première partie de la vie de Burns. — Tous les renvois aux œuvres de Burns, soit en vers soit en prose, sont faits, lorsqu'il n'y aura pas d'autre indication, sur la belle édition de W. Scott Douglas : Tho complète Works of Robert Burns. Edinburgh. "William Paterson, 6 vol. in-S"». C'est pour longtemps sans doute l'édition définitive.