Page:Angellier - Robert Burns, I, 1893.djvu/179

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

- 168 -

cette lecture ; et dans la seconde, parce qu'il montre qu'un mois après la publication du volume, on s'en occupait déjà à Edimbourg :

J'aurais dû vous remercier, il y a loDgtemps, de votre envoi, non seulement parce que c'est un témoignage de votre bon souvenir, mais parce qu'il m'a donné l'occasion de goûter un des plus délicats et peut-être un des plus sincères plaisirs dont l'esprit humain est susceptible. Une quantité d'occupations m'ont empêché d'avancer dans la lecture des Poèmes ; à la fin cependant j'ai achevé cette agréable tâche. J'ai vu bien des exemples de la force et de la générosité de la nature s'exerçant sous des désavantagesnombreuxet formidables; je n'en aijamais vu d'égal à celui que vous avez eu la bonté de me présenter. Il y a une émotion et une délicatesse dans ses poèmes sérieux, une vérité d'esprit et d'humeur dans ceux qui ont un tour joyeux, qu'on ne peut trop admirer ni trop chaudement louer. Je pense que je ne rouvrirai jamais le livre sans sentir mon étonuement renouvelé et accru. J'aurais voulu exprimer mon approbation en vers, mais, soit par suite du déclin de ma vie ou d'une dépression temporaire de mes esprits, il est maintenant hors de mon pouvoir d'accomplir cette intention.

M. Stewart (Dugald Stewart) professeur de philosophie de notre Université, m'avait déjà lu trois poèmes et je lui avais témoigné le désir qu'il fit inscrire mon nom parmi les souscripteurs ; mais si cela a été fait ou non, je n'ai jamais pu le

savoir 11 m'a été rapporté, par un gentleman à qui j'avais montre ces œuvres et

qui en a cherché un exemplaire avec diligence et ardeur, que l'édition tout entière était déjà épuisée. 11 serait donc très désirable, pour ce jeune homme, qu'une seconde édition plus nombreuse que la jiremière pût être immédiatement imprimée, car il paraît certain que son mérite intrinsèque et les efforts des amis de l'auteur pourraient lui donner une circulation plus répandue que tout ce qui a été publié en ce genre, à ma souvenance i .

M. Lawrie fit parvenir cette lettre à Buros. On peut penser si elle fut accueillie avec joie. Toutefois il ne semble pas qu'elle lui ait d'abord suggéré l'idée de se rendre à Edimbourg. Elle ne lui donna que ce qu'elle contenait réellement, la pensée de faire une seconde édition, dans laquelle il mettrait quelques morceaux composés récemment. Il se peut que cette lettre, écrite au commencement de septembre, ait mis quelque temps à arriver jusqu'à Burns. Il alla, vers le commencement d'octobre, trouver son imprimeur de Kilmarnock, pour lui demander s'il voudrait faire une autre édition de 1000 exemplaires. L'imprimeur voulait bien risquer les avances de la composition mais pas du papier. « D'après lui le papier de 1000 copies coûterait environ 25 livres et l'impression environ 15 ou 16 ; il offre de s'entendre là dessus pour l'impression, si je veux faire les avances pour le papier ; mais ceci, vous le savez, est hors de mon pouvoir ; aussi adieu l'espérance d'une seconde édition jusqu'à ce que je devienne plus riche i C'est une époque qui, je le pense, arrivera avec le paiement de la dette nationale britannique 2. »

1 To W Gi'orge Laivrie V. D. M. Sept. 4, 1786, donnée par Ghambers, tom 1, p. 311.

2 To Robert Aiken, 8th October 1786.