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pas encore ornée de monuments classiques, de temples et d'édicules grecs, dont les lignes tranquilles, par un fait probablement unique en architecture, s'accommodent d'un ciel septentrional. La moderne Athènes n'existait encore que sur les plans de l'architecte Craig, le neveu du poète Thomson, pour lesquels les magistrats lui avaient offert une médaille d'or et le droit de cité dans un coffret d'argent *.

Au moment oîi Burns y arrivait, Edimbourg n'était encore qu'une vieille ville embrouillée, mi-partie gothique, mi-partie renaissance, la vieille ville grise, enfumée, auldreehie, irrégulièrement entassée, empilée sous ses toits d'ardoise bleue ^ à l'abri de son rocher. Sa physionomie n'avait guère changé depuis le temps de Marie Stuart. C'était, au premier coup d'oeil, une cohue et une bousculade de rues profondes, raides et tortues, toutes en zigzags et en pente, horizontalement et perpendiculai- rement disloquées. Les combles pointus des maisons, les pignons à redans, les façades à fenestrages irréguliers, les gables ornementés, les étages en surplomh, les devantures compliquées d'appentis, de fenêtres en encorbellement, d'échauguettes accrochées aux angles des murs, d'escaliers extérieurs, enchevêtraient et changeaient capricieusement leurs profils, dans des silhouettes pleines de heurts , de brisures et de ressauts, variant sans cesse. C'étaient les vieilles rues du moyen-âge, avec leurs fenêtres à allèges et à meneaux, leurs portes basses quadrillées de clous et garnies chacune de son heurtoir, ou plutôt d'un anneau courant sur un morceau de fer tordu et (ju'on appelait risp ; les vieilles rues avec leurs linteaux à devises, leur foisonnement d'écussons, de monogrammes, de blasons, de décors héraldiques, leurs floraisons touffues et inattendues de sculptures 3. Cependant l'image générale de la ville n'était pas aiguë et découpée, comme celle d'une ville gothique ; il y manquait l'élan léger et innombrable des clochers et des flèches. C'était plutôt une sorte de soulèvement énoruie et compact, l'exhaussement d'une masse. Le caractère était plutôt fourni parles lourdes assises des créneaux que par les pointes jaillissantes des clochers. Cela ressemblait plutôt à un amas de forteresses et de bastilles qu'à une assemblée d'églises et de chapelles, à une ville militaire plutôt que religieuse. Cet effet tenait sans doute au formidable château qui dominait et écrasait la cité, et, au-dessus de tous les édifices, remplissait le ciel de son bloc colossal. C'est d'une grandeur presque cyclopéenne. « C'est le rêve d'un géant» s'écriait le peintre Haydon, l'ami de Keats, en

1 James Grant. Qld ani New Edinhurgh, lom II, chap. xvi.

- Tour Ihrourjh Ihe Island of Greut Brilain, originally begun Ly the celebrated Daniel de Foe, continued by the late M Richardson author of Clarissn. and brought down to the Présent Time by Gentlemen ofEminence in the Literary World, mS. Tom IV, p. 78.

3 XYilson. Réminiscences of Old Edinbwrgh, vol. I, p. (!1. — Voir aussi les gravures dans les ouvr^iges illustrés.