Page:Angellier - Robert Burns, I, 1893.djvu/227

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Ce toast retentit par toute l'assemblée avec nombreux honneurs et des acclamations répétées. Comme je n'avais pas la moindre idée que cela dût arriver, j'étais foudroyé et tremblant dans tous mes nerfs. Je répondis du mieux que je pus. Juste au moment où j'eus fini, un des grands officiers dit assez haut pour que je pusse l'entendre, sur un ton rassurant : « très bien, en vérité ! » ce qui me remit un peu ^ » Dans la correspondance de Mrs Alison Cockburn, alors une vieille charmante femme, vive, spirituelle etd'uncœur printanier, on trouve des passages qui montrent jusqu'oii allait l'enthousiasme pour le poète : « La ville est à présent tout sens dessus dessous avec le poète laboureur, qui reçoit l'adulation avec une dignité naturelle; il est l'image même de sa profession, fort et épais, mais il a un cœur enthousiaste et tout amour ^. » La bonne vieille dame avait l'œil fin, et ce dernier trait légèrement indiqué montre bien par où Burns possédait la sympathie des femmes. Et dans une autre lettre, on saisit encore mieux l'émoi que causait la présence du poète, partout où il allait : « On gâtera cet homme, s'il y a moyen de le gâter, mais il conserve ses façons simples et demeure tout à fait calme. Sans doute , il sera au bal des chasseurs demain, ce qui tourne la tête à toutes les femmes et à toutes les modistes. Pas un bonnet de gaze à moins de deux guinées, beaucoup dix, douze guinées, etc.^ » Six mois après avoir failli partir à la Jamaïque, faire monter le prix des coiffures de gaze à Edimbourg ! Le bruit de son succès et de son triomphe était allé jusqu'à Londres. Un ami de Fergusson lui écrivait : « J'espère avoir le plaisir de vous voir à Edimbourg. Mais d'après tous les rapports, il sera difficile de vous avoir, à moins de vous retenir une semaine à l'avance. Il y a grande rumeur ici à propos de votre intimité avec la Duchesse (de Gordon) et autres dames de distinction. Sérieusement, on me dit que « les cartes d'invitation volent par milliers chaque soir. ^' » Il semblait même que la renommée de ses œuvres fût en train de se répandre en Angleterre aussi rapidement qu'en Ecosse. Le D"" Moore , l'auteur estimé de Zekco, un roman maintenant délaissé mais alors célèbre, lui écrivait ses regrets de ne pouvoir lui procurer de souscripteurs, « mais je trouve que beaucoup de mes connaissances sont déjà sur la liste*. » Bien plus, le docteur lui annonçait que les élèves du collège de Win- chester traduisaient La Veillée de la Toussaint en vers latins '. Il devenait

1 ToJohn Ballantine, la'^i Jan.nSG. — Voiraussi.l Winter with Burns, avec le curieux dessin qui représente Vlnstallalion de Robert Burna comme poète lauréat de la loge.

2 The Songstresses of Scotland, by Salah Tytler and J. L. Watson, tom. II, p. 180.

3 Lelter from Peter Stuart , éditeur du journal The Star, a Londres , dans Chambers, tom. II, p. 36.

4 i,etler from D Moore. January, iZ^'i^ 1787, citée par Gurrie, tom. II, p. 18.

5 Lelter from D^ Moore, 28tiiFeb. HST, Currie, tom. II, p. 19.