Page:Angellier - Robert Burns, I, 1893.djvu/242

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

-231 -

cendres vénérées une pierre qui restera la propriété inaliénable de sa renommée immortelle. J'ai l'honneur d'être, Messieurs, votre très humble serviteur. R. B,

Les administrateurs du cimetière furent touchés de cette démarche. On le sent sous la raideur du procès-verbal qui contient l'accueil fait à sa lettre. « En considération de la motion louable et désintéressée de M. Burns et de la convenance de sa demande, ils lui accordent unanime- ment le pouvoir et la liberté d'ériger une pierre tumulaire sur la tombe de Robert Fergusson, de l'entretenir et de la conserver à sa mémoire, pour tout le temps à venir *. » Une pierre, droite, grise et simple, marque maintenant le dernier grabat du poète. C'est peu de chose et Burns ne pouvait guère davantage. Cette simplicité même est touchante et délicate ; elle fait penser aux aumônes des pauvres. Au-dessous du nom de Fergusson et des deux dates qui comprennent sa courte vie , sont ces quatre vers de Burns :

« Ici pas de marbre sculpté, ni de chant pompeux ;

Pas d'urne historiée, ni de buste animé- ;

Cette simple pierre guide les pas de la pâle Scotia,

Pour venir répandre son chagrin sur la poussière du poète ».

On ne les lit pas sans se rappeler ce mouvement généreux de Burns, pour la mémoire de celui qu'il appelait « son frère aîné en infortune, et de beaucoup son frère aîné en poésie ». On songe qu'ils auraient pu se connaître ; on est toujours prêt à croire qu'ils se seraient aimés, tant leurs noms ont pris, de cette double inscription, quelque chose de fraternel. Plus récemment, un autre don, inspiré par celui de Burns, a assuré des fleurs en toute saison à la tombe du auvre Fergusson.

Cette vie agitée et mélangée, avec ses moments utiles d'observation et ses heures perdues de dissipation, laissait peu au travail. Sa production littéraire pendant cet hiver est presque nulle. Les pièces qu'il composa sont presque toutes de circonstance, peu nombreuses et peu impor- tantes. Dès son arrivée, il avait été présenté par le comte de Glencairn à Creech le libraire, et il avait été convenu qu'une nouvelle édition de ses poèmes paraîtrait par souscription. Le I4. décembre, Creech avait annoncé que les Œuvres poétiques de Robert Burns étaient « sous presse pour être publiées par souscription pour le seul bénéfice de l'auteur 3. » Le succès ne pouvait être douteux. L'impression prit une partie de l'hiver. Ce qui restait de temps, après tant de soirées dans les salons et

^ Voir Scott Douglas, tom. IV, p. 202.

2 Ces deux premiers vers sont empruntés ii V Elégie de Gray.

3 Voir Scott Douglas, tom. IV, p. ns.