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ies Flamands à Courtrai , brisèrent l'effort de la chevalerie anglaise ' . C'est ici que les claymores et les haches de Lochaber besognèrent rudement.

Là on pnt voir, rie mainte façon,

De braves faits accomplis puissamment;

Et maints, qui étaient agiles et forts,

Bientôt furent gisants sons les pieds, tout morts ;

Là où tout le champ était rouge de sang !

Les armes et les habits qu'ils portaient

De sang étaient si fort souillés

Qu'on ne pouvait les reconnaître 2.

Voilà à gauche, un peu en arrière, Gillies'hill, la colline des valets, derrière laquelle Bruce avait fait placer les bagages et la valetaille. Au milieu de la bataille, cette tourbe vint couronner la hauteur pour regarder de loin. Quand les Anglais, déjà ébranlés, virent paraître cette multitude sur la ligne du ciel 3, ils crurent que c'étaient des secours et se déban- dèrent. Ce fut une des plus cruelles déroutes qui aient frappé l'orgueil anglais. Et où est la pierre dans laquelle Bruce planta son étendard où le lion d'Ecosse frémissait dans des plis écarlates? C'est là! C'est ce bloc bleuâtre encore percé d'un trou, the hored stone. Elle est consacrée par la piété des Ecossais, et on a dû depuis l'entourer d'une cage de fer, pour empêcher qu'elle ne disparût en reliques.

Tous les détails de cette journée étaient connus de Burns, car le poème épique que le vieux John Barbour a écrit sur Bruce était, dans des versions modernisées, un des livres répandus parmi les paysans. Pendant cette visite, une émotion puissante le transporta. Elle vit encore dans son journal et en soulève les notes rapides jusqu'à un ton lyrique.

« Le champ de Bannockburn — le trou où le glorieux Bruce a planté son étendard. Ici nul Ecossais ne peut passer indifférent. Je m'imagine voir mes vaillants, mes héroïques compatriotes paraître sur la colline el descendre sur les dévastateurs de leur contrée, les meurtriers de leurs pères et — la moindre veine enflammée de noble vengeance et de juste haine — avancer à grands pas, avec plus d'ardeur, à mesure qu'ils appro- chent de l'ennemi cruel, insultant, altéré de sang. Je les vois se réunir et se féliciter dans ce glorieux triomphe sur le champ de victoire, se réjouissant de leur chef héroïque et royal, de leur liberté et de leur indépendance sauvées '^ »

Quand il arriva auprès de la pierre sacrée , il implora le ciel pour son pays. « Il y a deux heures , j'ai dit une fervente prière pour la vieille

1 Hill Burlon. Hisiory of Scolland, tom II, p. 265,

2 John Barbour. Presque tous les détails de la bataille sont à l'origine fournis par le poème épique du vieux poète sur Bobert Bruce. Ou en trouvera des extraits, qui permettent de reconstituer la scène de Bunnockburu, dans Poets and Poelry of Scotiand de James Grant-Wilson, et surtout dans le Book of Scottish Poems de J. Ross,

-^ Hill Burton, tom II, p. 26^.

i Journal of llie Highland Tour, 26iii August n8"7.