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iMmbri, marqué d'une mélancolie profonde, le faisait paraître de dix ti plus iV'é qu'il ne l'était. Gomme Byron, il eut de bonne heure l'air /illi. L'amitié et l'éloquence avaient encore le pouvoir de transfi^'urer n veilleusement ses traits fatigués : il était méconnaissable quand ses ( »rds s'endammaient et qu'il s'illuminait d'enthousiasme. Mais une - ression soucieuse et triste était définitivement sur cette face ; la gaîté, (T. ne factice, devait y faire de plus rares visites ; et la mort, l'absence ou j( froissements devaient rendre plus clairsemées les rencontres de r litié.

>evant cette vie à recommencer tout entière, avec de nouvelles r« )onsabilités, il se sentait découragé et défiant. Le lendemain même d >on arrivée dans le pays, il écrivait «i Mrs Dunlop :

Voici le second jour, mon lionori^e amie, que je suis sur ma ferme. Je suis l'Iiabi- la solilîiiro d'une vioillc. chamliro onfiimt't». Wtin de tout co i\uo j'aime ol qui m'aime; sji connaissance (jui date de plus loin <|iriiier, excepte Jenny Geddes. la vieille ji enl sur laqnellf je flievanctie. En niênn' h-nips, ijcs prcorcnpalions inaeconliimees ele,s plans nouveaux font a (-lia(|ue in>lanl lionli- a ma grande i^^noninee i>l à mon iii peiience. Aux heures S4iu<i<'us«'s, il y a une almosplicre de lirume (pii est nalu- n ■ a mon ànie ; par suite de la(|ue||c lt>s objets attrislanls >end)lenl plus grands ipie n.ire. Une si-nsibiliie excessive, qu'une série de malheurs et de déboires a irrilée et pi l'p à voir le côl«* s<imbre des chose»s, à celle période où l'âme embanpie sa car- K;on d'idées pour le voyage de la vie, est, je le crois, la cause [irincipale de celle n heureuse dis|)o>ilion d'esprit '.

']t le troisième jour, il jetait sur .son journal ces lignes où .sa pensée, dis toute sa sincérité intime, s'exhale comme un sou|)ir de lassitude, et, p instants, couiiik' un soupir dere^^ret.

Voici le Iroisiènie jour ijue je suis dans ce jiays. c .Seijjneur! (|uesl-ce (jue r mme? yuel pelil faisceau affairé de passions, d'appelils, d'idées et de fantaisies! Kpiel fanlascpie (;enre dexislence il a ici-basi.... Il y a, à la \erile. im ailleurs, où, c une le dil Thoms<m, << la verlu seule sur\il. »

l»ile,s-nous, ô morts. Aucun de \ous ne voudra-l-il, par pilié, nous révéler le secret l>e ce que vous éles et ce que nous serons bientôt I

Un peu de temps Nous rendra aussi savants que vous et aussi muets.

e suis si lâche dans la vie, si falijaié du service, que, comme l'Adam de Miilon, il Il a presipie pas de moment où je ne sniihaile n me coucher avec joie dans le fiiron dma mère el être en |»aix. »

lais une fi-inme et des enfants inobli^'eiit à lutter avec le courani, jns(|uà ce que irlipie rafale soudaine renverse la pauvre barque, ou que, dans liudiffeient retour c années, sa propre caducité la réduise ù n'élre qu'une épave *.

To .tf" Dunlop, 14"» June n88. ■ Exlract f'rom the Aulhofs Journal, 15ih June nSd.