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rarement. On mangeait avec des cuillers de corne dans des écuelles de bois on d'étain ^

Cette existence chétive n'avait rien de surprenant. On obtenait à peine de quoi vivre, d'une terre stérile et mal cultivée. Le sol était mau- vais; il était à peu près à l'état sauvage, a Le pays tout entier, sauf quelques exceptions négligeables, était sans clôture ; il n'y avait pas de drainage artificiel ; ce qu'il y avait de labourage était restreint à ce qu'il y avait de terrain naturellement sec ; les parties creuses étaient pleines de marais, de marécages et d'étangs stagnants^ ». — « Les prairies étaient des marécages oîi de mauvaises herbes poussaient naturellement, mêlées à des roseaux et d'autres plantes aquatiques , et ce terrain revêche et humide non-seulement restait sans être drainé, mais semblait avoir plus de valeur d'après l'abondance avec laquelle il fournissait ce fourrage gros- sier^. » Les terres arables s'étendaient en tranches étroites, séparées par des espaces pierreux, semblables aux moraines des glaciers *. La culture était pire que le sol. Les terres d'une ferme étaient partagées en deux parties: ïiufield gI Voutfîdd^. La première conqirenait les moins mauvais terrains, grossièrement cultivés; on y jetait le fumier de la ferme, sans les purger des mauvaises herbes qui absorbaient l'engrais et n'en pullulaient qu'avec plus d'aise ^ ; on y semait sans repos de l'avoine et de l'orge tant qu'ils pouvaient rendre un peu plus que les semailles. L'assolement ou, pour employer l'expression anglaise , la rotation des moissons, était inconnue. Quand la terre épuisée refusait de rien porter, on la laissait reposer en jachère, c'est-à-dire se couvrir de mauvaises herbes. « On demandait au même champ des récoltes successives d'avoine sur avoine, tant qu'il pouvait fournir un excédent sur la semence ; après quoi, il res- tait dans un état absolu de stérilité, jusqu'à ce qu'il revînt de nouveau en état de donner une misérable récolte ^. » La seconde partie, Youtfwld, n'était guère que des terrains sauvages où les troupeaux paissaient. Les instruments étaient primitifs : la charrue était encore sur le vieux modèle écossais , il fallait plusieurs paires de bœufs pour la traîner ; les herses

1 Ch. Rogers, Scotland Social and Domeslic, p. 80.

2 Ces détails soiil empruntés à un travail de John Wilson, intitulé Farming oflhc Easl and Norlh Easlern dislrirls, et à celui de James Drennan, Farming of Ihe \\^i'Sl and South Western Districts. Ces deux études se trouvent dans le Heport on Ihe Présent State of tfie Agriculture of Scotland, présenté au Gong-rès international d'Agriculture tenu à Paris en 1878.

3 Northern rural Life in the X \'llltà cenlury by the Aulhor of Johnny Gibb of Gushct- neuk.

i Northern rural Life in the XVIUtti Cenlury, chap. iv, p. 19.

^ Voir, sur Yinfield et Voulfield, John Wilson, au commencement de son étude, — Ch. 'Rogers, Scotland social, etc., p. 88.

6 Northern rural Life in the X VlIItà Century, p. 22. ■J Northern rural Life in the XVIIJtti Century, p. 21. 8 Léonce de Lavergne. Essai sur l'Economie rurale, etc. , p. 329.