Page:Angellier - Robert Burns, I, 1893.djvu/432

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— 421 —

communes. Il devait le plus souvent se contenter de l'abri d'une auberge de village et faire sécher sur son corps ses vêtements mouillés.

Tandis que je suis assis ici, triste et solitaire, près du feu, dans une petite auberge de campagne, en train de faire sécher mes vêtements mouillés, entre un pauvre diable de soldat qui me dit qu'il s'en va à Ayr. Par les cieux, me dis-je, avec un flux de joie que la magie de ce son « la vieille ville d'Ayr » a fait monter en moi, je vais envoyer ma dernière chanson à M. Ballanfine. La voici :

rives fleuries du joli Doon,

Comment pouvez-vous fleurir si joliment ?

Comment pouvez-vous chanter, petits oiseaux,

Quand je suis si plein de soucis ? * »

Il fallait arriver à toute heure, à l'improviste, mesurer les tonneaux, visiter les caves, découvrir les cachettes de tabac, surprendre le moment où clandestinement on distillait du whiskey. Il tombait précisément dans un des districts et à une époque où la contrebande était le plus active. Toute cette contrée de l'ouest était inondée de marchaudises prohibées, jetées sur la côte par les smugglers, dont le refuge était l'île de Man, alors un véritable repaire. D'un autre côté, l'augmentation récente des droits sur les liqueurs fermentées avait développé dans de grandes proportions la fabrication illicite de la bière et la distillation du whiskey -.

A cette surveillance s'ajoutaient les cent petites besognes qui en dépen- daient : les rapports, les procès-verbaux, toute une correspondance.il fallait se rendre, les jours de versement, au bureau à Dumfries, C'étaient des journées affairées où il trouvait à peine quelques bribes de repos. On en a un aperçu dans une lettre qu'il écrivait au D"" Moore.

« En venant dans cette ville ce matin, pour remplir mes fonctions dans ce bureau, aujourd'hui étant jour de collecte, j'ai rencontré un gentleman qui me dit qu'il est en roule |)our Londres ; je saisis l'occasion de vous écrire. J'aurai quelques lambeaux de loisir dans la journée, au milieu de notre horrible atTairemeut et de notre agitation, et je tâcherai de les élargir, mais si ma lettre est aussi stupide que...., aussi bigarrée qu'un journal, aussi brève que les grâces d'un homme affamé avant le repas, ou aussi longue qu'un dossier du procès Douglas, aussi mal épelée que le billet doux d'un John campagnard, aussi affreusement écrite que la réponse qu'y fait Betty traie- vache, j'espère que, eu égard aux circonstances, vous me pardonnerez 3. »

A d'autres moments c'était la cour de justice qui, faisant son circuit, arrivait. Ces journées-là ne valaient pas mieux. Il fallait se présenter devant le tribunal, faire office de ministère public, comme le font encore

' To John Ballanline, March n91.

- Northern rural Life in Ihe XVlllt'^ ceniury, p. 184.

3 To Dr Moore, 14Ui July n90.