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de la fraternité. Dans leur adresse, à la barre de l'Assemblée, ils annonçaient que « d'innombrables sociétés semblables à la leur, se formaient dans toutes les parties de l'Angleterre, de l'Ecosse et de l'Irlande et qu'elles y éveillaient un esprit de recherche universelle dans les abus compliqués du gouvernement et s'enquéraient des moyens simples de réforme * ».

Cependant le roi, les ministres, particulièrement Pitt et Dundas qui était secrétaire pour l'Ecosse, la majorité du parlement, les tories, ceux qu'on appelait les whigs alarmistes, s'étaient émus de cette agitation. Dès le mois de mars, Georges III l'avait visée dans une proclamation royale. En novembre, un magistrat nommé John Reeves forma une Association •pour défendre la Liberté' et la Propriété contre les Républicains et les Niveleurs"^. Des associations « loyales » se créèrent en face des asso- ciations révolutionnaires ou réformatrices. Tout ce qui, eu Angleterre, était alarmé de l'avenir et satisfait du présent, y appartint ou les appuya. Le soutien du gouvernement leur donna de la force. On répandit des bruits de conspiration, d'anarchie, de pillage. On menaça les tavernes qui prêtaient leurs salles aux sociétés jacobines, de leur retirer leur licence ; ou inquiéta les vendeurs de journaux; on condamna les colleurs d'affiches. On sévit contre les moindres paroles. Un ministre dissident dePlymouth, le Rev. William Winterbotham, ayant dit dans un sermon que sa « majesté était placée sur le trône à condition d'observer certaines lois et règles et que, si elle ne les observait pas, elle n'avait pas plus de droits à la couronne que les Stuarts, » était condamné à quatre années d'empri- sonnement àNewgate*. John Frost, avoué riche et estimé, ancien ami politique de Pitt, ami de Sheridan, fut accusé, d'après le témoignage d'un individu quelconque, d'avoir dit dans un café quelque chose sur « ce que l'égalité était un droit naturel de l'homme et sur ce qu'il avait une prédi- lection pour le républicanisme. » Il fut condamné à six mois de prison, une heure de pilori, à déposer caution de bonne conduite pour cinq années et fut rayé du rôle des attorneys*. Lorsque, l'année suivante, le moment de lui appliquer la peine du pilori fut fixée, toute la ville fut en quelques instants couverte de petits placards annonçant le jour et l'heure de l'exécution. Le pilori fut immédiatement démoli par la foule et Frost libéré ; mais il prit froidement le bras de Horne Tooke qu'il rencontra par hasard et s'en retourna à la prison ^. On condamna Thomas Paine qui était alors en France et ne revint jamais en Angleterre, malgré un admirable

1 The Society for Constitutional Information in London to the National Convention of France, Novembcr 28tb 1792, cité dans The Story of llie Engliah Jacobins, chap. m.

2 The Story of the English Jacobins, chap. m, p. 55.

3 Id. p. 58.

  • Id. p. 64.

S M. p. 165