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cours criminelles, étaient choisies par le shérif du comté et, lorsqu'elles étaient arrivées, subissaient un nouveau choix de la part des juges ^ Il n'y avait pas de libres institutions politiques, car le gouvernement parlemen- taire n'avait jamais fonctionné en Ecosse. Le parti tory, maître des emplois, des tribunaux, des collèges, de l'Église, affectait de considérer les opposants comme des ennemis de toutes les institutions. Ce fut une véritable persécution. Pendant cette année de 1792, un jeune avocat de talent, nommé Thomas Muir, avait pris part, à Glascow, à la création d'une société nommée Les Amis de la Constitution et du Peuple ; et un clergyman, le Rév. Thomas Palmer, fellow de Queen's collège à Cam- bridge, avait, à Dundee, aidé à la fondation d'une société semblable, La Société des Amis de la Liberté '^ . Tous deux, accusés de sédition, furent déclarés coupables par des jurés influencés par l'opinion des juges. Lorsque les verdicts furent rendus, « la Cour avait à exercer son pouvoir discrétionnaire de fixer la sentence, qui pouvait aller d'une heure d'emprisonnement à la transportation à vie ^ ». Cette dernière peine n'était pas et « n'avait jamais été employée en Angleterre pour le crime de sédition. C'était alors un châtiment terrible, impliquant un voyage de plusieurs mois, la misère dans une colonie nouvelle, plus de communi- cation avec la terre natale et ceux qu'on y laissait, et de telles difficultés de retour qu'un homme transporté était considéré comme un homme qu'on ne reverrait plus ^ ». Muir fut condamné à quatorze années de trans- portation ; Palmer à la même peine. Jeffrey, alors jeune homme, assistait au jugement avec sir Samuel Romilly. « Ni l'un ni l'autre, dit lord Cockburn, ne l'oublia jamais. Jeffrey n'en parlait jamais sans horreur *. » Lorsque, en 1793,1e congrès des sociétés de réforme eut lieu à Edimbourg, sans le moindre trouble, les deux délégués de la Société Correspondante de Londres, Margarot et Gerrald, qui étaient étrangers, et le secrétaire général du congrès, Skirving, furent arrêtés, jugés, il est presque impossible de dire sur quelle accusation, et condamnés également à quatorze années de transportation. Le sort de ces victimes fut lamentable: Gerrald et Skirving jnoururent en arrivant à Botany-Bay ; Palmer mourut en revenant à l'expiration de sa peine ; Muir s'échappa, mais fut blessé et vint mourir à Chantilly ; Margarot seul revint en Angleterre, âgé, brisé, et traîna quelque temps encore, grâce aux secours de ceux de ses anciens amis qui survivaient ^. « Pour retrouver l'esprit judiciaire de cette cour, dit Cockburn, il faut remonter aux jours de Lauderdalc et de Dalzell. ^ »

1 Lord Cockburn. Metnorials, p. T6.

2 The Story of the English Jacobins, chap. v, p. 81.

3 Lord Cockburn. Memorials, p. 88.

4 Lord Cockburn. Life of Jeffrey, p. 55.

S> The Story of the English Jacobins, p. 91-02. 6 Lord Cockburn, Memorials, p. 88.