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|)ortait longs et abondants, tombaient presque par brassées sur son cou rond et ses épaules blanches ; ils étaient plutôt onduleux que frisés et d'une nuance plus foncée que l'épithète « couleur de lin » ne semble l'indiquer. Elle dansait et elle chantait avec beaucoup de grâce et de dou- ceur. Cette minutie de détails, dit-il, sera pardonnée par ceux ({ui réflé- chiront que nous devons à ses charmes quelques-unes des plus délicates poésies lyriques de notre langue ^ ». L'attrait singulier de son visage était formé par le contraste d'un regard gai et riant et d'un sourire de douceur lente. « Elle avait, dit encore Cunningham, une rare suavité dans son sourire et de la joyeuseté dans le regard vif de ses yeux^ », et ailleurs il marque mieux encore cette opposition : « Ses yeux étaient grands et bril- lants et riaient plus que ses lèvres lorsqu'elle prenait plaisir à quelque chose 3 » ; double expression dont le charme est puissant , parce qu'il possède ce qui frappe et ce ([ui retient. Burns a rendu ce trait dans le |)ortrait qu'il a fait d'elle, portrait d'une précision charmante ; il a aussi rendu cette grâce de démarche à laquelle il avait toujours été très sensible.

Ses cheveux bouclés élaieal couleur de liu ; Ses sourcils, d'une nuance plus sombre, S'arquaient d'un air ensorcelant au-dessus De deux yeux rieurs d'un bleu joli ; Son sourire si enjôleur Aurait fait oublier à un malheureux son malheur ; Quel plaisir, quel trésor De s'attacher à ces lèvres roses I Telle était la jolie ligure de ma Chloris Quand, pour la première fois, je vis sa jolie figure ;

Comme une harmonie sont ses mouvements,

Sa jolie cheville est un traître

Et révèle une belle proportion

Qui ferait oublier à un saint le ciel ;

Si enllammante, si charmante

Sa forme impeccable et son air gracieux ;

Chaque trait, — la vieille Nature

A déclaré qu'elle ne pouvait faire plus ;

A elle sont les charmes volontaires de l'amour,

Par la loi souveraine de la Beauté conquérante'*.

(]e dernier cri, (jui est comme un salut à la force dominatrice et irré- sistible de la Beauté en soi, est caractéristique de cet amour. Il semble que l'expression, curieusement séduisante, de Jane Lorimer

1 AUan Cunningham. l/ifn of Burns, p. 485-86, en note.

2 Id. p. 97.

3 Id. p. 486, en note.

  • She says she lo'es me best of a'.