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ne toucha pas à la superstition *. Ce courant n'avait pas pénétré dans les profondeurs sociales oii vivait Burns. Celui-ci n'en put sentir l'influence que plus tard, lorsqu'il séjourna à Edimbourg.

En même temps , un second courant plus faible mais plus efficace s'était établi. Glasgow, où avait enseigné Simson, oii enseignait Hutcheson, était justement, nous l'avons vu, l'Université où un grand nombre des ministres presbytériens de l'Ecosse et la plupart de ceux de l'Irlande recevaient leur éducation. Hutcheson y avait comme collègue un professeur de théologie, leD' Leechmann, qui, sans avoir sa vigueur de pensée, partageait sa largeur de vues '. Par l'influence de ces deux hommes, une nouvelle génération de ministres pénétra dans le peuple. « C'est grâce à Hutcheson et à lui, dit le D"" Carlyle qui avait lui-même été leur élève , qu'une nouvelle école se forma dans les provinces ouest de l'Ecosse où, jusqu'à cette époque, le clergé était étroit et intolérant, avec un esprit qui ne s'était jamais aventuré au-delà des limites d'une stricte orthodoxie. Car bien qu'aucun de ces professeurs n'enseignât aucune hérésie, cependant ils ouvrirent et élargirent les esprits des étudiants, ce qui leur donna bientôt un tour de libre recherche, dont le résultat fut la franchise et le libéralisme des senti- ments. L'expérience prouva que cette liberté de pensée n'était pas aussi dangereuse qu'on pouvait d'abord l'appréhender, car bien que la téméraire jeunesse fit des excursions dans les régions illimitées de la perplexité métaphysique , cependant tous les judicieux revenaient bientôt à la sphère plus basse des vérités établies depuis longtemps , qu'ils trouvèrent, non seulement utiles au bon ordre de la société, mais nécessaires pour fixer leurs esprits dans quelque degré de stabilité ^. »

Ces nouvelles recrues du clergé, en augmentant d'année en année, ne tardèrent pas à former un parti plus jeune, plus éclairé, plus libéral, qui apportait plus de largeur dans la doctrine et plus de douceur dans la pratique. Selon le conseil de Hutcheson, ils mettaient dans leurs sermons moins de discussion et de définitions théologiques, et plus de

1 Buckle, tome III, p. 465 et suivantes.

- Voir Sermons by William Lcechman, D.D. publiés avec une vie par James Wodrow. Les titres et les textes de ces sermons suffisent à marquer la différence avec les prédica- tions d'alors et le livre de Boston : Sermon Yiir ; The Excellency of the spirit of Chris- tianUy, 2 Timothy. For God hath not given us the spirit of fear , tut of power and of love and of a sound mind. Sermon xiu ; On the Propriely and Usefulness of Religions gralUude, Psahn cvii, 8 : Oh, Ihat men would praise the Lord for his goodness and for his wonderful works to the children of men. Sermon XVil ; Jésus Christ full of grâce etc. On voit le contraste avec les sermons de damnation. Ces sermons sont du reste ternes et minces. — Voir aussi D' Alex. Carlyle, chap. m. Leechman fut aussi persécuté malgré ses talents et son caractère. — Voir John Tulloch. The Church ofthe Eighteenth Cenlury, p. 273-75. fSl-Giles' Lectures).

3 Autobiography of D^ Alex. Carlyle, chap. m, p. 84.