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« Je voulus entrer dans un cabinet, où j’avais vu remuer quelqu’un. »

« N’entre pas là, » me dit Cambray, fesons les choses en ordre, et partageons en frères. »

« Laisse-moi faire, » lui dis-je, « il y a là quelque jolie fille, la nièce du bonhomme : c’est à mon tour ce soir. »

« Reste avec nous, te dis-je ; reste, ou tu es mort ! »

« Je fus forcé d’obéir. Nous enfonçons un tiroir, et dans une boite de fer blanc nous trouvons une grande quantité de pièces d’or, que Cambray met dans ses poches. Nous nous préparions à retirer Paradis de la cave, pour lui faire avouer où était le reste de son argent, décidés à le faire assoir sur le poêle qui était rouge, au cas qu’il voulût regimber, opération destinée à tous ceux qui fesaient les méchans enfans ou qui ne donnaient pas de bonne grâce, quand l’un de nous s’apperçut que quelqu’un s’était échappé par une fenêtre du cabinet où j’avais voulu entrer. C’était sans doute la jeune fille qui était sortie. Craignant que l’alarme ne fût donnée dans le canton, nous fûmes forcés d’évacuer la place à la hâte et plus tôt que nous ne le désirions. Quand nous fûmes à quelque distance, G…g…n nous montra un pistolet, qu’il nous dit avoir arraché des mains de Paradis. « Sur la route, Cambray s’approchant de moi me dit à l’oreille : »

« Il faut tâcher d’embêter G…g…n et Matthieu. Cache cet or-ci. » « Et il me remit dix-huit doublons et quinze piastres. Il glissa adroitement le reste dans les doublures de ses pantalons et dans ses chaussures. Rendu chez lui, il mit la main dans ses poches, en retira quelques piastres, et en remit seize à G…g…n et Matthieu pour leur part ; pour moi j’en reçus quarante huit, et Cambray dut en garder pour lui pas moins de six cents et quelques. Nous avions mis le vieux Paradis à contribution pour £170.

« Tandisque nous étions d’humeur, nous continuâmes à travailler. Nous enfonçâmes le bureau de M. Parke, Marchand à la Basse-ville, et nous en enlevâmes quelque argent et un télescope, que Cambray s’appropria, pour satisfaire une fantaisie, ainsi qu’il le disait. »

« Nous vivions alors dans la plus grande sécurité ; personne ne nous soupçonnait ; nous entendions chaque jour raconter les détails de nos brigandages, et nous nous permettions aussi la réflexion morale. Cambray et moi voyions toujours des sociétés bien respectables. Quand plus tard des soupçons se furent élevés contre nous, et que nous fûmes incarcérés, trouvé en possession du Télescope pris chez M. Parke, eut son procès pour ce vol, mais ne fut pas trouvé coupable.