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La conspiration, assurée du secret et enhardie par les inutiles démarches de la Police, allait toujours son train, et tirait bon parti des ténèbres dont elle s’enveloppait, et de l’épouvante dont elle glaçait les citoyens. Presque chaque jour voyait de nouveaux attentats, dont les journaux s’emparaient avec empressement comme d’une bonne fortune, pour captiver l’attention, et exciter la sensibilité des lecteurs par des détails bien horribles, bien atroces. Il était clair que si les voleurs de profession avaient part à ces méfaits, une main cachée et plus habile dirigeait et payait leurs manœuvres. Le complot, quel qu’il fût, avait une âme, un chef, supérieur aux scélérats vulgaires par son énergie, sa prudence, et son habileté. Mais où le trouver ? C’était l’énigme, le mot du secret. Il fallait découvrir le coupable, le livrer à la justice, et Québec eût été délivré d’un fléau ?

Cet état de choses se prolongea jusqu’au printemps de 1835, sans qu’un seul coupable eût été découvert ; et malgré les précautions des citoyens toujours sur l’alerte et bien armés, des milliers de louis tombèrent en la possession de cette bande audacieuse. Heureusement que le règne du crime n’est pas de longue durée ! l’homme coupable n’a pas d’impunité à espérer ! Tôt ou tard son propre aveuglement le trahit et le livre pieds et poings liés à la justice de Dieu et des Hommes.

Un dernier attentat vient mettre le comble à tous les autres, et ranimer les recherches de la Police découragée. Pendant la nuit du neuf au dix Février, (1835,) des scélérats s’introduisent, en fesant fraction, dans la Chapelle de la Congrégation de Notre Dame de Québec, violent cet asile consacré au culte de la vierge, et en enlèvent les lampes, les chandeliers, les candélabres, les vases sacrés, le tout d’argent massif et de la valeur d’environ cent cinquante ou deux cents louis courant.

Un crime si énorme indigne et soulève tout le monde ; mais cette fois encore il s’écoule quelque temps sans qu’on puisse tomber sur la trace des coupables : de vagues soupçons viennent seuls embarrasser de leurs contradictions les recherches de la Police. Un mois, deux mois, trois mois s’écoulent, et rien ne transpire encore, nonobstant les quatre cents dollars offerts au dénonciateur.

Mais les coupables ne pouvaient rester longtemps tranquilles et impunis ! Eux-mêmes, ils prennent soin d’éventer le secret. Ils font des démarches imprudentes, se hâtent de tirer parti de leur argent, le promènent de Québec à Broughton pour le faire fondre, et ne songent plus à se cacher. Leur propre sécurité les aveugle et ils tombent dans le piège.

Une vieille servante irlandaise, du nom de Cécilia Connor, âgée d’environ quarante ans et presqu’imbécille, demeurait au Township de Broughton situé à une distance de plus de 50 milles de Québec, chez le nommé